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2011-11-17

 

A Europa sem bússola


AVEC l'ITALIE, l'EUROPE à La CROISÉE Des CHEMINS


Guillaume Duval
Article Web - 16 novembre 2011

Face au défi de la crise italienne, la zone euro reste désarmée. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) n'est pas de taille suffisante pour faire face aux volumes de prêts nécessités par l'Italie, craint Guillaume Duval, dans sa chronique pour Radio Nova.

Avec l'Italie, la crise de la zone euro a pris une dimension particulièrement inquiétante. Pour vous, cette fois, c'est vraiment l'heure de vérité qui sonne pour la zone euro.

Oui. On a déjà souvent utilisé cette expression depuis deux ans et elle peut paraître galvaudée, mais la crise de la dette grecque, même aggravée par les crises irlandaise et portugaise, c'était de la petite bière à côté de la crise italienne. L'Italie, la troisième économie de la zone euro, est huit fois plus grosse que la Grèce. Ses 1900 milliards de dettes publiques pèsent à eux seuls 20 % du PIB de la zone euro. L'Italie doit refinancer plus de 300 milliards d'euros de dette au cours des 12 prochains mois et elle doit pour l'instant emprunter à plus de 7 % contre moins de 2 % pour l'Allemagne. Un niveau insupportable : à ce taux sa dette va faire boule de neige et l'Italie se retrouver insolvable.

Mais après le 26 octobre dernier, les Européens ne disposent-ils pas de moyens suffisants pour faire face à cette situation ?

Non. Face à un défi de cette ampleur, la zone euro reste désarmée. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) n'est pas de taille suffisante pour faire face aux volumes de prêts nécessités par l'Italie. Les bricolages imaginés le 26 octobre dernier pour gonfler le FESF ne sont pas encore opérationnels. Et même s'ils le devenaient leur efficacité parait douteuse à de nombreux observateurs. La Banque centrale européenne (BCE) rachète bien des titres de dettes italiens. Mais elle le fait avec tellement de réticence, que cela ne dissuade absolument pas les spéculateurs de jouer contre cette dette… L'arrivée de Mario Draghi, un Italien, à la tête de la BCE, loin d'être un atout, risque d'être un obstacle : il aura sans doute à cœur dans un premier temps de se montrer plus Allemand que les Allemands. Le non financement des Etats par la BCE est en effet un des principaux dogmes de l'orthodoxie monétariste auquel les autorités allemandes restent très attachées. Avec comme résultat un paradoxe : si la BCE disait qu'elle achètera de façon illimitée des titres de dettes italiens, elle serait probablement amenée en pratique à en acheter moins qu'aujourd'hui car cela suffirait à dissuader les spéculateurs…

Une fois que la contagion de la défiance a atteint l'Italie, la zone euro est-elle condamnée ?

Nombreux sont ceux qui le pensent, mais cette issue, quoique pas improbable, n'est pas encore inéluctable. L'éviter suppose cependant que les dirigeants européens tirent très rapidement les leçons du désastre grec. Il faut qu'ils sortent enfin de la logique du « trop peu, trop tard ». Ils doivent aussi renoncer à appliquer aux pays en crise des politiques punitives qui aggravent leurs problèmes au lieu de les résoudre. Il leur faut enfin doter la zone euro d'un « prêteur en dernier ressort », comme il en existe dans toutes les zones monétaires. Cela ne doit cependant pas être la BCE en direct car cela reviendrait à lui donner un pouvoir politique exorbitant vis-à-vis des Etats membres puisque ce type d'intervention ne peut pas être inconditionnel. Cela implique, outre des mesures immédiates d'ampleur, une profonde transformation des structures de l'Union. Au vu des deux dernières années, il n'y a, a priori, guère de raison d'espérer que nos dirigeant(e)s soient capables de faire passer l'intérêt commun européen devant leurs a priori idéologiques, leurs intérêts nationaux et leurs contraintes de politiques intérieures. Mais le pire n'est pas toujours sûr…


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